La RE 2020 attendra l’été 2021
Les futures réglementations environnementales (RE2020) sont sur le point de remplacer les réglementations actuelles sur l’énergie thermique de 2012 pour construire les maisons de demain: réduction de la consommation d’énergie, réduction de l’empreinte carbone et meilleure adaptation au changement climatique.
Face à la crise sanitaire et à son impact économique sur l’entreprise, le calendrier RE 2020 a été adapté.
Pionnière en Europe, La RE 2020 rompt avec le cycle des réglementations thermiques et ouvre celui des réglementations environnementales, spécialement par la prise en compte très novatrice du poids carbone des maisons. Réduire leur empreinte carbone (à l’origine de plus de 30% des émissions de gaz à effet de serre en France), pour suivre l’amélioration de leur performance énergétique et en garantir le confort d’été durant les périodes de canicules, appelés à être plus fréquents et intenses du fait du changement climatique : tels sont les trois objectifs majeurs poursuivis par cette réglementation.
Les bâtiments représentent près de 30% de nos émissions de CO2.
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) January 14, 2020
Au 1er janvier 2021, nous mettrons en œuvre une nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs, #RE2020, pour :
✅ moins d’énergie consommée et d’émissions de CO2,
✅ un meilleur confort l’été. pic.twitter.com/BNPt3Hpdrt
Alors que son processus d’élaboration venait de franchir une nouvelle étape, à savoir la phase des simulations destinées à éclairer les choix d’indicateurs et de niveaux de performances pertinents pour concevoir et construire des maisons de demain, la pandémie de Covid-19 est venue complexifier l’organisation des concertations. Or, ce travail associant les pouvoirs publics et les acteurs de la filière, déjà à l’oeuvre au cours de l’expérimentation E+C- (Energie positive & réduction Carbone) préparant depuis 2017 les professionnels à la future réglementation, demeure indispensable pour achever ce vaste chantier systémique.
Les pouvoirs publics avaient prévu une application de la RE 2020 au 1er janvier 2020 au 1er janvier 2021. Le dispositif ne sera finalement pas opérationnel avant l’été 2021, le temps de consulter les acteurs sur les indicateurs et les critères de performance définitifs, avant de publier les textes d’ici à la fin de l’année ou au tout début de l’année 2021. Ce décalage de quelques mois du calendrier d’élaboration et de la mise en oeuvre de la RE 2020 a été salué par l’ensemble des professionnels, pour qui l’approbation d’un nouveau standard environnemental ambitieux des maisons ne doit pas se faire à marche forcée , a fortiori dans un contexte de reprise.
En attendant, le chantier de la RE 2020 n’est pas figé. Si la crise sanitaire retarde les processus décisionnels, elle interroge simultanément nos capacités de résiliences et d’adaptation. Se protéger contre les aléas climatiques, sanitaires ou économiques devient plus que jamais une priorité gouvernementale. Aussi, l’ultime étape de concertation doit permettre de déterminer le sindicateurs et niveaux de performances exigibles en énergie et en carbone, lors de la rédaction des textes réglementaires, ainsi que la méthode de calcul utilisée pour les atteindre, tout en tenant compte de la soutenabilité financière et technique des choix opérés.
Mais d’ores et déjà, il semble que toutes les ambitions initiales portées par la RE 2020 ne figureront pas dans cette première réglementation environnementale. En effet, bien que la RE 2020 semble s’inscrire dans la continuité de l’expérimentation E+ C- sur le volet carbone, le gouvernement a décidé de revoir les exigences sur le volet énergétique en écartant par exemple les critères incitant à la conception de Bepos (bâtiments à énergie positive). Dans la ligne de la stratégie nationale bas carbone 2050, la RE 2020 se concentre aujourd’hui sur la maîtrise des émissions à effet de serre (GES) d’un bâtiment, à toutes les étapes de son existence, de l’origine des matériaux utilisés jusqu’à la destruction, en passant par la construction et la phase du cycle de vie, sachant que les matériaux ont un poids carbone prépondérant. Les industriels sont d’ailleurs appelés à renforcer les données environnementale et sanitaire (FDES) et de profil environnemental produit (PEP).
Cette concertation finale pourrait également aboutir, dans un second temps, à la définition d’un label facultatif permettant aux maîtres d’ouvrages volontaires d’aller au delà des exigences de la future RE 2020, tel le BBC qui avait précédé la RT 2012. La fonction de ce futur label sera de jouer un rôle prospectif, mais aussi d’anticiper l’étape réglementaire d’après et de compléter ainsi les règles du jeu de la RE 2020 en prenant en compte des sujets tels que la qualité de l’air intérieur comme la VMC double flux, la gestion de l’eau, la biodiversité ou les mobilités.
Un tel changement ne s’improvise pas.
Tous les acteurs de la construction vont être impactés par la production de maison bas carbone (BBCA) avec une performance énergétique renforcée. Les maîtres d’ouvrages et d’oeuvre devront, dès la phase de conception, intégrer cette problématique dans leur choix constructifs, tandis que les entreprises en assureront la qualité de la mise en oeuvre, choisiront les assemblages de solutions bas carbone et conseilleront sur les nouveaux produits qui vont fleurir, à l’instar des matériaux bio-sourcés.